En deux décennies, le digital a bouleversé notre quotidien professionnel. Réunion à distance, travail en mode hybride… Au fil des années, les nouvelles technologies ont permis de nouveaux modes de collaboration et ont changé notre rapport au travail. Zoom sur les temps forts de cette transformation numérique.
Depuis 2003, le groupe Randstad sonde les travailleurs sur leurs besoins et leur façon de collaborer à travers l’étude Workmonitor. En se faisant l’écho de la voix des salariés, l’enquête a pu identifier, année après année, les tendances qui ont marqué le monde du travail. En deux décennies, le rapport au travail s’est profondément transformé, notamment sous l’influence des nouvelles technologies.
2003-2007 Diffusion d’Internet, lancement du smartphone : le travail se numérise
Le numérique semble avoir toujours fait partie de notre quotidien, tant les usages 2.0 se sont installés rapidement et durablement dans nos vies. Pourtant, l’arrivée du digital est relativement récente. D’abord utilisé par des chercheurs et des informaticiens dans les années 1980 et 1990, Internet commence à se diffuser auprès du grand public à partir du début des années 2000.
En plus d’être un outil collaboratif, le réseau est largement utilisé à des fins privées au bureau (en 2004, seuls 31% des ménages sont équipés d’une connexion web). Mais les opinions divergent sur cet usage : en 2005, 35% des répondants estiment que l’envoi d’e-mails et la navigation sur Internet à des fins personnelles pendant les heures de travail devraient être possibles, tandis que 34% trouvent cela inacceptable. Parallèlement à Internet, les téléphones mobiles entrent dans notre quotidien, avec en 2007 l’arrivée de l’iPhone. Les smartphones vont bouleverser notre façon de communiquer : les ordinateurs n’ont plus l’apanage de la navigation web et des échanges de messages écrits.
2008-2011 Les réseaux sociaux investissent le monde du travail
En 2008, Facebook débarque en France. En une année, la plateforme de Mark Zuckerberg conquiert près de quatre millions d’abonnés dans l’Hexagone. Le premier réseau social (créé en 2004) va faire des émules avec Twitter (2006), Instagram (2010)… Salariés et entreprises s’emparent rapidement de ces nouveaux outils.
Les travailleurs y recueillent notamment des informations sur leurs futurs employeurs. Cet usage professionnel reste encore limité : en 2011, la moitié des salariés ont un profil sur les réseaux sociaux qu’ils utilisent pour se présenter personnellement plutôt que professionnellement. Mais les réseaux commencent à bousculer la façon de communiquer au sein des équipes : la même année, un salarié sur six utilise Twitter au lieu du traditionnel e-mail pour échanger avec un collègue.
Grâce aux nouvelles technologies, le télétravail commence par ailleurs à être envisagé et envisageable : environ un tiers des répondants s’attendent à travailler davantage chez eux en 2012.
2012-2015 Internet divise le monde du travail
Les actifs commencent à s’interroger sur l’impact d’Internet et des smartphones sur leur vie professionnelle. La plupart ont accès à Internet au travail, mais estiment que cet accès permanent tend à les rendre moins productifs. A cette époque, la collaboration en face-à-face reste privilégiée : 76% des personnes interrogées préfèrent travailler ensemble dans un espace donné, plutôt que dans des équipes virtuelles, avec des collègues situés dans différents lieux.
Par ailleurs, la frontière entre vie pro et vie perso s’estompe de plus en plus. Près de la moitié des salariés possèdent un smartphone personnel sur lequel ils reçoivent des e-mails professionnels. Une large majorité affirme d’ailleurs qu’il n’est pas correct de répondre à un e-mail ou au téléphone pendant une réunion professionnelle (75%).
Pour une grande part des travailleurs, l’essor des technologies est considéré comme une opportunité (73 %), et non comme une menace. 87% des répondants estiment que les technologies facilitent la collaboration et 61% indiquent consacrer plus de temps à travailler avec des collègues que cinq ans auparavant. La plupart ont ainsi la conviction que les compétences numériques vont gagner en importance (80%) mais certains se sentent démunis : plus d’un salarié sur trois craint de ne pas être à la hauteur de ces exigences dans les années à venir.
2016-2019 Une flexibilité désormais possible, et souhaitée
Les technologies utilisées sur le lieu de travail évoluent rapidement. Face à ces changements, 62% des personnes interrogées admettent qu’ils doivent acquérir davantage de compétences dans le domaine du numérique afin d’assurer leur future employabilité et 69% estiment avoir besoin d’être formées pour ne pas être dépassées par l’évolution technologique et en tirer le meilleur profit.
On commence à évoquer la flexibilité au travail et les employés souhaitent en bénéficier davantage. Mais les employeurs résistent à cette demande et le travail au bureau reste la norme. Ainsi 64% des salariés préfèrent travailler de chez eux (ou d’un autre endroit), mais n’ont pas la possibilité de le faire dans le cadre de leur emploi. Le bureau est toujours privilégié : 69% ont régulièrement des réunions en face à face. Seuls 36% des salariés ont des réunions d’équipe virtuelles en visioconférence.
Dans certains secteurs, les technologies favorisent l’avènement d’une culture de la « connexion permanente ». En 2019, 56% des personnes interrogées se sentent tenues de se rendre disponibles en dehors de leurs heures de travail normales (contre 40 % en 2010).
2020-2023 La flexibilité du travail en tête des priorités des travailleurs
La transformation digitale se poursuit à un rythme de plus en plus soutenu. La nécessité de s’y adapter, et de le faire rapidement, semble une évidence pour tout le monde. Si 79% des salariés estiment en 2020 disposer de l’équipement et de la technologie nécessaires pour s’adapter à la numérisation, 40% pensent avoir encore du mal à acquérir les nouvelles compétences requises dans cette nouvelle ère digitale.
La pandémie mondiale de Covid transforme l’environnement de travail en imposant le télétravail dans de nombreux secteurs, soutenu par les évolutions technologiques récentes. Les outils collaboratifs tels que Microsoft 365 et la suite Google permettent à de plus en plus de salariés connectés de travailler en mode hybride. La flexibilité en termes d’horaires et de lieu de travail devient une priorité des travailleurs, qui estiment désormais que leur vie professionnelle s’adapte à leur vie personnelle et non l’inverse.
En 20 ans, les nouvelles technologies ont révolutionné le monde du travail, en créant de nouveaux modes de collaboration et en permettant l’émergence d’un nouveau rapport au travail. Numérisation des outils professionnels, flexibilisation des conditions de travail, nouveau contrat social entre employeurs et salariés : l’analyse de l’évolution des besoins et des attentes des travailleurs par le Workmonitor permet non seulement de comprendre la genèse du monde du travail d’aujourd’hui, mais également d’anticiper les tendances professionnelles de demain.
Pour aller plus loin
Téléchargez la vingtième édition de l’étude Workmonitor de Randstad, menée auprès de 35 000 travailleurs sur 34 marchés. Les résultats de cette enquête montrent que les travailleurs ne souhaitent aujourd’hui pas choisir entre la flexibilité et la sécurité : ils veulent le package complet.