Depuis la pandémie, la flexibilité est au cœur des attentes des travailleurs. Souvent réduite au télétravail, elle peut pourtant prendre des formes variées, adaptées aux spécificités de chaque catégorie de métier. Puissant levier au service de la marque employeur, la flexibilité doit néanmoins faire l’objet d’une réflexion et d’une concertation internes afin de répondre tant aux besoins des salariés que de leurs organisations. Et ainsi trouver une place pérenne au sein des entreprises.
La flexibilité au travail est aujourd’hui un facteur essentiel d’attractivité pour les salariés. Les chiffres de l’enquête Workmonitor 2023 de Randstad sont sans appel : une large majorité des personnes interrogées souhaitent plus de souplesse dans leur job, en termes d’horaires (83%) mais aussi de lieu de travail (71%).
Une attente forte chez tous les salariés
La flexibilité est même devenue un des critères prioritaires dans le choix d’un employeur. Selon le Workmonitor, près de la moitié des personnes interrogées n’accepterait pas un emploi s’il n’offrait pas de flexibilité en termes d’horaires (44%) ou de lieu de travail (40%). Une exigence qui n’est pas l’apanage des cols blancs. Hors des bureaux, dans les usines, les hôpitaux, les écoles, l’attente est la même : on veut de la souplesse ! En France, les cols bleus (travailleurs manuels) et les cols gris (travailleurs exerçant un métier de service ou en contact avec les clients) réclament eux aussi de la flexibilité. Pour 45% d’entre eux, la flexibilité est aussi importante que la rémunération, voire même davantage, comme le révèle le Workmonitor Pulse du 2e trimestre 2023.
Une pratique remise en cause par certaines entreprises
L’enquête souligne l’importance de la flexibilité pour les travailleurs hors bureau, alors qu’ils en bénéficient moins que leurs homologues travaillant dans des bureaux. 36% des personnes interrogées estiment qu’il est possible d’apporter de la flexibilité à leur environnement professionnel, mais que leurs employeurs ne font pas d’effort pour la mettre en place.
Parallèlement, on observe que certaines entreprises, contraintes avec le Covid déployer le télétravail, sont en train de faire machine arrière. Le retour au bureau est même devenu un sigle : RTO, pour « return to office » (ou RAB en français). Dans un article du New York Times de juin 2022 repris par le Courrier International, il est fait état de nombreuses entreprises (Disney, Amazon, Salesforce…) qui « invitent » leurs salariés à revenir dans les locaux. Cette remise en cause du télétravail n’épargne pas la France, même si les entreprises hexagonales restent – pour l’instant – plus timorées dans leurs annonces.
Un sujet qui divise
Alors que faire sur ce sujet qui divise ? D’un côté, les salariés ne veulent pas renoncer aux avantages obtenus pendant la pandémie ; d’un autre, certaines entreprises freinent à nouveau des quatre fers, pointant les dysfonctionnements d’un management hybride. Tout l’enjeu pour les entreprises va être de penser plus largement et plus globalement la flexibilité, d’adapter sa mise en place par rapport à leurs besoins et à leurs spécificités. Aux dirigeants de s’emparer du sujet !
A chaque organisation, sa flexibilité
Premier axe de réflexion : distinguer les missions pour lesquelles il est nécessaire de se réunir dans un même lieu (lancement d’une campagne, définition d’un projet…), de celles qui peuvent tout aussi bien être réalisées de chez soi. Selon les secteurs d’activité et les entreprises, les réponses seront différentes. Deuxième piste : définir les tâches asynchrones et synchrones, celles qui peuvent être effectuées de façon individuelle et celles qui nécessitent un travail collectif pour créer de l’engagement et stimuler la créativité. A l’entreprise alors de repenser les espaces de bureaux pour offrir une expérience collaborative optimisée. Ces réflexions doivent être menées par les dirigeants au niveau de l’organisation, mais aussi par les managers en concertation avec leurs équipes.
Une flexibilité aux formes multiples
Les entreprises associent encore trop souvent flexibilité et télétravail. La flexibilité peut pourtant revêtir différentes formes en fonction des types de travail – autonomie dans la gestion des agendas, semaine de quatre jours, etc. – et concerner un plus grand nombre de salariés. Les cols bleus interrogés dans le cadre du Workmonitor Pulse souhaitent ainsi bénéficier de souplesse dans leur emploi du temps (34%), d’aménagements quant à la quantité d’heures travaillées (18%) et la possibilité d’obtenir plus de congés payés (13%).
Pour un meilleur équilibre vie perso-vie pro
Pour les entreprises, il faut donc penser la flexibilité bien au-delà du simple travail à distance, afin de satisfaire les attentes variées des collaborateurs. Si les salariés veulent plus de souplesse dans leur job, c’est pour dégager du temps libre et le mettre à profit pour répondre à différents objectifs .Chez les cols bleus et gris, ce temps gagné serait prioritairement dédié à s’occuper de leur famille (58%), à prendre soin de leur santé (45%), à se reposer et à se ressourcer (43%). La satisfaction de ces besoins peut ainsi se traduire par des politiques RH de soutien et d’accompagnement : des solutions de garde pour les jeunes enfants, des aides financières pour contribuer à des soins médicaux, l’installation de salles de fitness près du lieu de travail… Autant d’actions qui améliorent l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle des salariés.
Vers une flexibilité concertée
Les entreprises doivent donc réfléchir à leurs intentions en matière de flexibilité et adopter une politique RH différenciée, en prenant en compte les besoins de leur organisation, le fonctionnement de leurs équipes et les attentes de leurs collaborateurs. Pour Sander Van’t Noordende, CEO du groupe Randstad, « la flexibilité est le nouveau défi à relever dans le monde du travail. Les employeurs doivent impérativement intégrer cette flexibilité dans leur stratégie, en ayant à l’esprit qu’elle signifie des choses différentes selon les personnes ». La mise en place d’une flexibilité pensée, réfléchie, qui puisse satisfaire les besoins des collaborateurs comme ceux de leurs employeurs, est une dimension essentielle du nouveau contrat social liant employeurs et salariés.
Pour aller plus loin
Dans un article publié le 29 août 2023 dans la revue américaine Forbes, Sander van’t Noordende, CEO de Randstad, évoque le concept de « Flexibility with intentionality ». Sander défend la mise en place d’une flexibilité concertée, qui puisse satisfaire aux besoins des salariés tout en préservant l’innovation et la productivité au sein des organisations. Pour accéder à cet article (en anglais), cliquez ici.